La consultation
#LeJourdAprès consultation
Une autre approche de la santé
La pandémie du covid-19 a mis au grand jour les risques liés à la dégradation de notre système de santé.
Certes, l’apparition de cette maladie n’était pas expressément prévisible, mais il appartient à des dirigeants politiques dignes de ce nom d’envisager les différents risques encourus par les populations (épidémies, catastrophes naturelles, conséquences du réchauffement climatique, actes terroristes d’envergure, etc.), d’imaginer les réponses que nous pouvons leur apporter, et d’évaluer notre niveau de préparation pour y faire face.
Or, tous les clignotants étaient au rouge dans le domaine de la santé : manque de praticiens, hôpitaux au bord de l’asphyxie, délocalisation de la fabrication des principes actifs de nombreux médicaments.
Mettre en place une autre politique de la santé consiste d’abord à comprendre comment et pourquoi nous en étions arrivés là, et à en éradiquer les causes.
Nos médecins et nos scientifiques ne sont pas en cause, mais les soumettre à la seule logique financière et comptable a mené à la catastrophe, et nous ne devons qu’à l’engagement du personnel soignant d’avoir pu éviter le pire. Les politiques ne doivent plus subir, dans ce domaine, les diktats de gestionnaires (institutions européennes, fonctionnaires du ministère des finances, Cour des comptes...) dans un domaine où ils n’ont aucune compétence, et dans lesquels, hélas, leur responsabilité n’est jamais recherché pour les catastrophes humaines qu’ils provoquent.
La question du financement sera abordée dans les thèmes 10 et 11. Mais il faudra aussi sortir, dans ce domaine, de la doxa de la "concurrence libre et non faussée", et de la logique de globalisation et de marchandisation.
Quant aux traductions pratiques de cette reprise en main du secteur de la santé, les pistes semblent assez évidentes :
- Prioriser la remise à niveau du secteur hospitalier public, en le soustrayant à des impératifs purement comptables totalement inadaptés (exemple : la facturation à l’acte), en revenant sur les fermetures d’établissements et de lits, et en revalorisant le statut et les rémunérations des personnels.
- Imposer aux laboratoires la relocalisation de la fabrication des médicaments et de leurs principes actifs, et exiger d’eux des tarifs raisonnables, en échange des aides et avantages publics dont ils peuvent bénéficier.
- Développer la recherche publique dans le domaine de la santé, et mieux retenir les compétences.
- Lutter contre les déserts médicaux, par des mesures incitatives ou, si elles s’avèrent insuffisants, en exigeant par exemple des jeunes médecins qu’ils exercent dans des secteurs en difficulté au début de leurs carrières, en échange de la gratuité des études.
- Mieux évaluer les besoins futurs en personnels de santé, notamment liés aux départs en retraites, et adapter le nombre de places disponibles dans les facultés, tant en médecine générale que dans les spécialités.
- Et – comme la crise actuelle en démontre la nécessité – établir des scénarios de crise, et prévoir l’adaptation de nos structures médicales et de protection civile à de telles éventualités.
Tout cela nécessitera de revenir à un "état stratège", et à une planification, c’est à dire, là encore, de rompre avec la logique néolibérale.
Signaler un problème
Ce contenu est-il inapproprié ?
Partager: