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03/05/2020 18:21
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Nouvelle proposition à La consultation
Territorialiser les Objectifs du Développement Durable
1) Les parlements (français et européen) : La France, nos universités et centres de recherche, nos ONG et OSC ont été consultés et ont participé à l’élaboration du cadre des 17 Objectifs du Développement Durable et le vote à l’AG des Nations-Unies de septembre 2015 a parachevé le processus par l’adoption de l’Agenda 2030. Celui-ci a été décliné (et adopté par toutes les institutions de l’UE (y compris donc le Parlement Européen)) dans le Nouveau Consensus Européen du Développement de Juin 2017. Il est temps de passer de la parole aux actes ; non pas que rien n’ait été fait, mais le « curseur du passage à la pratique et à la territorialisation des objectifs » n’a pas été poussé assez loin du côté des actes et de la vie quotidienne des citoyens. Le parlement doit à présent avoir un vrai rôle d’orientation et de contrôle par rapport au fait de faire « descendre » vers les niveaux les plus près du citoyen, les décisions de l’action publique. Mais, l’efficacité a voulu que jusqu’à présent, on spécialise les commissions parlementaires par « sujet » (la défense, les finances, les affaires étrangères, etc.), le découpage correspondant peu ou prou à la répartition des Ministères ; ceci est contraire au caractère indivisible des ODD. Il est donc nécessaire qu’une commission, aux pouvoirs d’investigation élargis, contrôle de façon transversale la mise en pratique des ODD. Il ne sert à rien, par exemple, que des parlementaires du Sud-Ouest (là où se concentrent nos industries d’armement) siègent à la commission « défense » (au nom de la sacro-sainte préservation des emplois, vaguement rattachée aux ODD n° 8, 9 et 10) si la promotion des exportations d’armes alimente les conflits qui sont contraires à l’ODD n°16 (paix et diminution des tensions internationales). 2) Les collectivités territoriales : Si on veut territorialiser les ODD, les collectivités territoriales sont évidemment à des niveaux scalaires indispensables pour que les « recommandations » des niveaux supérieurs descendent le plus rapidement possible et de la façon la plus pratique qui soit vers le citoyen ! C’est vrai pour toute l’action publique ; cela va tellement de soi, et on l’a entendu sur tous les tons, sur tous les sites, sur les webinars et sur toutes les ondes : et voilà que prennent la parole, les élus territoriaux, avec « la France, vieux pays jacobin », et encore « la décentralisation n’a pas marché », et « bla-bla-bla » et « bla-bla-bla »… ! Oui, peut-être faut-il pousser la décentralisation, pour « distribuer des masques », mais pour réussir à atteindre les ODD, cela ne suffit pas. Un obstacle d’une autre nature se dresse à présent : la spécialisation des « services territoriaux » habitués à travailler en « silos » ! Celle-ci empêche de fait la mise en pratique de la transversalité et de l’indivisibilité des ODD. Par ici, c’est le service « environnement » qui travaille sur les ODD 13, 14 et 15, là, c’est le service « relations internationales » qui promeut des projets rattachés à l’ODD 5, ou à celui traitant de « faim zéro » (le n°2)… On fait cela pour 3 raisons : par habitude (et paresse intellectuelle – « cher ami, mais tout le monde fait ça… »), par efficacité à court-terme (application de théories fonctionnalistes, sans mesure d’impact réciproque d’une thématique d’action sur une autre, ni prise en compte des externalités), et par redevabilité imbécile, mais confortable, des élus (l’élu aux « relations internationales », par exemple, étant redevable devant son assemblée ou conseil de la seule action internationale de la collectivité et pas du reste…). Il y a donc une profonde réforme à engager tant au niveau des habitudes politiques (la distribution par les « grands élus » des « domaines de compétences » aux « petits-élus » (les vice-présidents à…)), qu’au niveau des services (où la spécialisation technique des domaines d’action, et des métiers, justifie le découpage et la mise en pièce des ODD). 3) Les citoyens : ils sont ambivalents, se défiant de la puissance publique (soit soupçonnée d’inefficacité, soit coupable d’entraver leur liberté et de ponctionner, par les taxes et les impôts, leurs revenus) et, en même temps se tournant vers elle dès qu’il y a un problème à résoudre. A l’évidence, un programme qui consisterait à territorialiser les ODD ne peut réussir sans une grande entreprise de réconciliation entre les citoyens et celles et ceux qui les représentent. Le RIC risque bien de n’être qu’une démocratie de l’émotion et la démocratie participative à petit ou grand rayon d’action n’est pas de taille à se mesurer aux forces puissantes des géants de la mondialisation… Force est de constater qu’il faut, non pas inventer, mais d’une part multiplier en les articulant les conventions citoyennes (experts + citoyens de tous bords), et d’autre part mieux transmettre les trajectoires qu’elles proposent aux parlements, français et européen, mais aussi, pourquoi pas, en diffusant la « méthode » aux autres pays européens.
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03/05/2020 18:21