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13/04/2020 10:15
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Nouvelle proposition à La consultation
Refonte des carrières hospitalières ET universitaire; Fusion de l’Anesthésie-Réanimation et de la Mé...
Il faut commencer par comprendre l’historique de l’accès à la spécialisation en « réanimation » pour les médecins. Il existait deux voies pour y accéder jusqu’en 2017 : -la voie de la réanimation médicale, via un Diplôme d’Enseignement Spécialisé Complémentaire (DESC), accessible à la plupart des spécialités médicales (cardiologie, pneumologie, médecine infectieuse…) - et la voie du Diplôme d’Enseignement Supérieur (DES) d’Anesthésie-Réanimation. Il existe depuis longtemps une rivalité fratricide entre ces deux entités, avec deux sociétés savantes et deux collèges d’enseignants universitaires distincts. La réforme du 3ème cycle des études médicales a supprimé en 2017 les DESC et a conduit à une situation ambiguë par l’intégration de la « réanimation médicale » à un DES unique, mais sans fusion des deux collèges d’enseignants universitaires. Cette absence de fusion s’explique aisément par des enjeux de pouvoir et de postes. Un compromis a été imposé avec la mise en place d’un tronc commun dans ce DES, avant une « surspécialisation » en « Anesthésie-Réanimation » ou « Médecine Intensive Réanimation ». Même si elle est peu lisible pour le grand public, la crise sanitaire actuelle et la bataille médiatique qui l’accompagne mettent en avant la contre-productivité de cette situation avec le risque d’un défaut de coordination des réanimations dites médicales ou chirurgicales et de possibles conséquences sur la prise en charge des patients. L’option de scinder anesthésie et réanimation, à l’instar du modèle anglo-saxon, est devenu caduque. La spécificité française de former des médecins avec une double compétence a permis d’ouvrir très rapidement un nombre impressionnant de lits de soins critiques. Les renforts médicaux dans les régions les plus durement touchées sont constitués par leur quasi-totalité d’anesthésistes-réanimateurs, beaucoup plus nombreux sur le territoire. Les pays qui ont fait le choix d’avoir des anesthésistes sans compétence de réanimation sont confrontés à la problématique de devoir former en urgence du personnel médical. Enfin indépendamment de la crise sanitaire actuelle, cette rivalité est déconnectée des préoccupations des internes ou des jeunes praticiens pour leur future activité, avec des perspectives de postes amputées par ce territorialisme hospitalo-universitaire. Les axes d’amélioration que je soumets à la discussion dans le cadre de cette consultation d’union nationale sont : - Une véritable fusion de l’Anesthésie-Réanimation et de la Médecine-Intensive-Réanimation avec unification du collège d’enseignants-universitaires et confirmation d’un diplôme unique de spécialisation en Anesthésie et en Réanimation, laissant la possibilité aux internes de s’orienter selon leurs aspirations et leur parcours vers le type d’activité qui leur convient au décours de leur formation tout en conservant un haut niveau de compétence. Afin de préserver cette double compétence, ceci pourrait s’accompagner d’un recentrage de l’activité des anesthésistes-réanimateurs autour de lits de réanimation (avec rattachement systématique des blocs opératoires à des unités de réanimation), et non plus uniquement autour de blocs opératoires sans lit dédié. Ceci devra s’accompagner d’une reconnaissance de la délégation de tâches plus techniques aux équipes paramédicales (infirmier(e)s anesthésistes) à une époque où l’activité est déjà partiellement déléguée, le risque en anesthésie est maîtrisé et où l’informatisation et l’IA permettent une excellente sécurité des patients (bien sûr toujours sous contrôle médical). Ceci permettrait également de gagner en attractivité pour les carrières hospitalières, particulièrement en souffrance en anesthésie avec la concurrence du privé, en distinguant véritablement des modes d’exercice publique ou privé. - La création d’un statut hospitalier unique avec refonte de la fonction hospitalière ET universitaire, condition sinequanone à la réforme du système. L’activité clinique serait assortie de valences selon les compétences et aspirations de chacun : valences de recherche attribuées sur des projets de recherche, expertisés par des commissions scientifiques indépendantes, éventuellement avec un financement dédié, et selon une durée déterminée ; valences d’enseignement attribuées et financées par les universités selon les besoins ; valences institutionnelles selon les projets d’établissement et de gestion d’équipes. L’attribution de ces valences devrait être indépendante, avec le maintien d’une activité clinique minimale, un système de nomination démocratique et pour une durée définie, afin de limiter l’entre soi, le statuquo, le mandarinat et les nominations à vie qui peuvent contribuer à l’inefficience de notre système et à la fuite de compétences.
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13/04/2020 10:15