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27/04/2020 14:42
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Nouvelle proposition à La consultation
Changer de mode de gouvernance à l'hôpital et dans le secteur de la santé
Penser une Gouvernance qui a le souci des autres : Au-delà des applaudissements, avons-nous entendu l’éloge des patient guéris adressé aux soignants pour la qualité des soins reçus et, aussi, l’attention humaine qui leur a été portée même dans les pires conditions de débordement des hôpitaux ? Cette attention, c’est celle qui permet de part et d’autre de ne pas baisser les bras, qui préserve leur dimension humaine aux gestes techniques intrusifs et douloureux, qui donne du courage face à l’épreuve, c’est l’attention que l’on porte à l’autre comme à nous-mêmes car il y a quelqu’un derrière chacun de nos actes. Nous vivons malheureusement une expérience unique, qu’on souhaiterait parfaitement exceptionnelle, et qui montre, si c’était encore nécessaire, la capacité des soignants à être présents autant que volontaires sur le terrain. L’attention que les soignants portent aux autres est tout simplement au cœur de leur profession, elle est leur motivation essentielle, prendre soin de l’autre autant que soigner, préserver l’humain dans tous les actes médicaux et a fortiori dans les moments les plus difficiles comme aujourd’hui ! Le manque d’attention, le manque de temps auprès des patients, c’est précisément ce pourquoi les soignants du secteur de la santé et du médico-social faisaient entendre leur voix hier, ils criaient leur impossibilité d’exercer leur métier dans des conditions assurant la qualité des relations humaines au profit de la performance économique. Aujourd’hui les applaudissements, hier les restrictions, réductions, injonctions, disqualifications et autres pressions économiques, sociales, administratives et politiques dans une relative indifférence générale. Aujourd’hui des actions de solidarité mettent de la joie dans les cœurs des soignants. Hier, la tristesse régnait dans les institutions, de nombreux soignants ne trouvaient plus de sens à leur pratique, les médecins et chefs de service organisaient un grève administrative, du jamais vu à l’hôpital ! Médecins, infirmiers et aides-soignants étaient aux prises avec une administration sourde et aveugle, avec des gestionnaires qui gèrent le service public sur le même modèle que les entreprises avec des critères de rentabilité, de quantification des actes sans prise en compte de l’activité réelle des soignants sur le terrain. Aujourd’hui un élan vital est venu, de manière fort paradoxale au regard de notre actualité, se substituer à la tristesse ambiante qui régnait dans le secteur de la santé et du médico-social depuis de nombreuses années, au moins depuis les lois HPST, et les orientations de l’ANAP (agence nationale d’appui à la performance). Aujourd’hui ce n’est ni le salaire ni la prime ni aucune autre forme de méritocratie qui anime nos soignants, leur motivation, on l’a constaté de visu, est de contribuer à sauver des vies dans un travail commun, au risque de leur propre vie ! Aussi, s’il est vrai que les moyens humains et financiers constituent une partie importante des revendications, ces dernières ne doivent pas cacher une demande bien plus profonde, étonnamment moins médiatisée, moins discutée, qui est de mettre un terme à un mode de gestion et à une gouvernance asphyxiante et déshumanisante tant pour les soignants que pour les patients. Ces dernières années, la politique économique et sa gestion administrative et financière a dominé le débat et pris le pas sur la qualité des relations humaines en imposant de tout mesurer et quantifier, « mesurer, c’est perdre l’immensité des choses » écrit Hanna Arendt, en l’occurrence s’est perdre le sens de ses action, de son travail. De fait, aujourd’hui, on meurt plus que de mesure dans les EHPAD, notre société sacrifie ses vieux ! Quid des personnes fragiles et des personnes gravement handicapées vivant en institution ? Ces quelques lignes et propos sur nos orientations dans le secteur de la santé et du médico-social peut se résumer en quelques mots, en une orientation majeure : la gestion doit être au service de l’humanité et non l’inverse. Cynthia Fleury écrit : « Le soin est un Humanisme », aussi, le soignant ne peut pas être traité comme un pur agent économique. L’hôpital ainsi que les institutions du secteur médico-social sont malades, aujourd’hui les soignants ont développé avec l’ensemble des partenaires et intervenants des trésors d’énergie et de solutions innovantes pour accompagner au mieux tous les patients atteints par le covid 19, demain nous devrons prendre soin de l’hôpital et des soignants en apportant des solutions nouvelles et des moyens qui montrent plus d’attention et plus de considérations pour les métiers de l’aide qui sont les parents pauvres de notre politique et de notre système. L’attention c’est un pas réel, concret, vers l’autre, c’est fait de presque rien, c’est juste cette petite différence qui a de grandes conséquences sur le devenir des institutions et de l’humanité.
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