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14/04/2020 18:07
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Nouvelle proposition à La consultation
Penser les missions des agriculteurs
On ne compte plus aujourd'hui les campagnes de dénigrement dont sont aujourd'hui sujets les agriculteurs. Elles les qualifient de pollueurs voire d'empoisonneurs. Il est indéniable que l'activité agricole telle qu'elle est majoritairement pratiquée est fortement génératrice de pollutions diverses et de dangers potentiels pour l'environnement, incluant l'homme. Mais accuser les agriculteurs comme seuls responsables de ces nuisances est une manière simple de se déresponsabiliser en tant que société. Un agriculteur est avant tout un entrepreneur. La pérennité de l'activité de tout entrepreneur, quel que soit le domaine, ne peut s'assurer que si cette activité est rentable et/ou suffisamment subventionnée pour faire face aux coûts générés par l'activité. Mais à la différence d'un produit manufacturé dont presque tous les paramètres de production sont maitrisables et modulables, les produits agricoles ont pour principal paramètre la nature, qui est imprévisible, non maitrisable et non modulable. Il est possible d'en atténuer immédiatement les effets en recourant à divers palliatifs (engrais, pesticides, irrigation, semences sélectionnées) ayant néanmoins pour corollaire la dégradation de l'environnement (nitratation des eaux de ruissellement, chute voire extinction d'une partie de la biodiversité, etc...), mais surtout l'accentuation de la dépendance à ces palliatifs du système de production, rendu fragile et instable. Ces produits agricoles et leurs conséquences environnementales ne sont que la réponse la plus économiquement soutenable pour les agriculteurs face aux demandes de la société (au sens large du terme, incluant donc les institutions, y compris européennes). Si les activités agricoles peuvent se montrer néfastes pour l'environnement, elles peuvent aussi lui être bénéfiques. Tout dépendra du système de production mis en place. Or la mise en place d'un système de production nécessite des investissement considérables et sa nature sera souvent favorisée par des incitations financières sous forme de subventions (généralement européennes). On comprend alors qu'il est relativement inerte et que toute restructuration est extrêmement compliquée. Ce qui donne une importance considérable aux choix politiques quant à la nature des activités visées par les subventions. Or, le choix politique, c'est la société qui le détient. Pas l'agriculteur. Donc si la société souhaite que l'activité agricole garantisse : - la préservation des ressources (économie circulaire) ; - la préservation et l'enrichissement de la biodiversité (selon les outils agroécologiques et de permaculture) ; - des produits qualitatifs et sains (mais pas nécessairement beaux ni calibrés) ; Il faudra qu'elle attribue ces missions aux personnes qui sont les plus aptes à les mener, à savoir les agriculteurs (même accompagnés de spécialistes). Mais surtout, comme tout travail mérite salaire, il faudra qu'elle les rémunère pour ça. Cela signifie donc que le chiffre d'affaires d'un exploitant ne sera pas seulement constitué par les ventes de productions et leurs subventions, mais aussi par l'acquittement de services rendus à l'environnement, comme toute prestation de service, qu'il sera nécessaire de quantifier et de qualifier. Une approche nuancée consisterait à appréhender ces activités sous forme de bonus / malus fiscal : - Bonus pour tout agriculteurs et partenaires directs (fournisseurs / clients) s'inscrivant en faveur de la biodiversité. - Malus dans le cas contraire pour les mêmes protagonistes. Ces incitations fiscales permettraient aux différents acteurs du monde agricole de se s'inscrire dans une politique délibérée et se restructurer.
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14/04/2020 18:05