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05/04/2020 17:22
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05/04/2020 11:31
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05/04/2020 11:26
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Nouvelle proposition à La consultation
Le salaire à vie à la qualification personnelle...
"Un salaire ça reconnait qu’on produit, alors qu’un revenu ça reconnait qu’on a des besoins." Dans son essai L’enjeu des salaires le sociologue et économiste français Bernard Friot propose un changement radical de modèle salariale et par là-même sociétal. Dans cette nouvelle organisation, la rémunération des travailleurs ne dépend plus de la valeur attribuée aux postes qu'ils occupent dans le mode de production capitaliste mais est « fondé sur la reconnaissance d’une qualification personnelle, irrévocable et ne pouvant que progresser. Ce salaire rémunère l’individu pour son travail et il ne doit pas être confondu à ce titre avec le revenu de base, qui est une allocation versée à tous sans obligation de travail. L’idée de Friot repose d’abord sur un constat du réel. Le capitalisme ne parvient pas à s’extraire de ses contradictions autrement que par des extrapolations toujours plus excessives de ses logiques destructrices. Ainsi, la financiarisation outrancière du système, et sa globalisation délirante n’est que le dernier avatar d’une mécanique infernale qui paupérise, précarise, angoisse, et finalement saccage les vies des hommes tout comme elle détruit son environnement. Pour enrailler cette logique mortifère, le sociologue du travail, suggère la socialisation de la totalité des moyens de productions et de la valeur produite, en créant le salaire à la qualification personnelle. Une organisation pensée sur le modèle de la Sécurité sociale, des coopératives, et des grades des agents de la fonction publique, où chaque citoyen, à partir de 18 ans et jusqu'à sa mort, serait de fait co-propriétaire d'usage des moyens de production et, à ce titre, bénéficierait d'un salaire défini par la qualification attachée au travailleur... Bernard Friot, présente au final un modèle d’une radicalité assumée, mais suffisamment abouti, pour l’ouvrir à la réflexion de tous comme une architecture ouverte à une alternative possible au capitalisme. Si sa structure évoque, par ses aspects constructiviste, le communisme dont il est depuis toujours très proche, Friot conscient qu’un tel projet politique est loin de faire l’unanimité, compte cependant sur « le spectacle de l’inefficience du capitalisme » et sur une ouverture d’esprit plus large des nouvelles générations dont les sensibilités sont moins emprunts au triomphe de l’argent. Le travail désintéressé serait-il le vrai salaire de la vertu ?
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05/04/2020 11:05
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05/04/2020 10:59
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Nouvelle proposition à La consultation
Les maux de la démocratie ont-ils un sens ?
La démocratie est donc, littéralement, le « pouvoir du peuple ». Un concentré de promesses qui dans sa seule étymologie renferme la genèse de tous ses maux. Promettre et ne pas tenir, est toute l’ambiguïté historique d’un régime politique qui dit tout de son objectif, mais absolument rien de ses moyens. C’est pourquoi, au quotidien l’exercice de la démocratie bute sur nombre de limites. Lorsqu’elle est directe, comme à Athènes, où dans les cités italiennes de la Renaissance, la taille de l’Etat, son instabilité organique, la compétence inégale de ses citoyens la fera très vite basculer vers l’anarchie ou l’oligarchie. Jean-Jacques Rousseau estime ainsi que la démocratie directe suppose un « gouvernement si parfait qu’il ne convient pas à des hommes mais à un peuple de dieux ». Des dieux ou du moins des idoles, la démocratie représentative, transposition moderne de l’idéal Athénien de Périclès, s’est donc mise à en produire, au travers d’individus sélectionnés au sein du peuple, et qui sont sensés en exprimer la volonté. Mais de ce développement politique, émerge dans la permanence de son utopie un ensemble dédaléen de problématiques. Montesquieu écrit dans L’Esprit des lois « le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie, le suffrage par choix est de celle de l’aristocratie ». Trivialement, tout pourrait se résumer au travers d’un malentendu permanent, à la fois dans les termes qui la définissent comme dans les modalités qui la caractérisent. En effet, chacun de nous est en permanence confronté à l’imprécision des vocables. De sorte que, « démocratie », « peuple » et « représentation », ont une polysémie qui entretient une perpétuelle confusion et tend à entraîner tous ceux qui s’en bercent dans un constant sentiment déceptif. C’est l’interprétation des mots, qui forme notre pensée et notre entendement du monde. C’est comme cela, que se constitue la matrice confusionnelle et frustrante de la démocratie représentative. Une contradiction, qui pour ne pas être discutée a fini par être sacralisée. C’est à la lueur de vos réflexions personnelles comme point de conclusion que je trouve cette phrase extraite de Candide où Voltaire écrit « Cacambo expliquait les bons mots du roi à Candide, et, quoique traduits, ils paraissaient toujours des bons mots ; de tout ce qui étonnait Candide, ce n'était pas ce qui l'étonnait le moins. »
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05/04/2020 10:43
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Nouvelle proposition à La consultation
Ce sont les entreprises qui imposent des produits aux consommateurs, et non l'inverse.
"Ce sont les entreprises qui imposent des produits aux consommateurs, et non l'inverse." John Kenneth Galbraith (1908-2006) Sa thèse, montre en 1958 comment ce système est désormais au service de sa propre logique fonctionnelle, où l'homme ne serait plus que l'attribut nécessaire à défaut d'en être l'objectif ultime. « L'offre créée sa propre demande » théorisait Jean-Baptiste Say au XIXe siècle, une loi comme les économistes les goûtent, si naturelle qu’il faut les construire de toutes pièces. Dans son ouvrage L'Ere de l'opulence Galbraith dénonce le culte unanime de la production, qu'aucun individu, quel que soit son statut social ou ses idées politiques, ne semble remettre en question. Il analyse que les doctrines économiques qui sous-tendent cette idée générale sont foncièrement fausses. Ainsi, l'homme ne serait pas le consommateur né, cherchant irrésistiblement à satisfaire ses besoins infinis comme le présente couramment la doxa économique ; mais un être dont l'aspiration première et ultime serait le bonheur. Un état de plénitude, où l'équilibre serait celui de la satisfaction de ses besoins physiologiques, par nature limités, et d'autres part de ses besoins psychologiques, par essence limitables. La perversion que pointe alors Galbraith et qu'il appelle « la filière inversée » est d'avoir fait de l'économie un excitateur permanent de nos besoins psychologiques, où la production n’est plus la réponse aux besoins de l’homme, mais la justification d’un système qui les suscite et les invente Entre Pierre Choderlos de Laclos qui jugeait que « Le superflu finit par priver du nécessaire. » et Steve Job, co-fondateur d'Apple, qui postulait que « Ce n’est pas le boulot des consommateurs de savoir ce qu’ils veulent », presque deux siècles ont passé, le temps d’établir ce que Galbraith a parfaitement identifié comme de vraies liaisons dangereuses.
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04/04/2020 18:19
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Nouvelle proposition à La consultation
Raisonner sur le jour d’après c’est toujours raisonné à partir du jour d’avant.
Raisonner sur le jour d’après c’est toujours raisonné à partir du jour d’avant. Dès lors, toute initiative de changement qui se voudrait réelle est par avance condamner car elle se subordonne d’office à un système qui ne la rendra possible que si elle lui est compatible. Pour changer le monde il faut d’abord changer le système qui nous fait penser le monde. Ce n’est pas en pensant que l’on change les systèmes, c’est en changeant les systèmes que l’on change notre manière de penser. Or, les systèmes sont interactifs et ils ne tirent leur efficience que de ce rapport dynamique qui les nourrit. Si vous entretenez l’ambition de changer réellement le monde, du moins celui qui s’organise à l’échelle de notre pays, il faut donc radicalement penser en dehors des systèmes existants. C’est-à-dire remonter à la genèse de ce qui le constitue, en se demandant « pourquoi » avant de se demander « comment ». Car sans légitimité consentie au « pourquoi », le « comment » ne sera qu’une énième variation du système existant. Un suite incantatoire de projets, une liste d’abandons et au final une poignée de réformes qui passées au tamis des consensus seront au mieux inefficaces au pire délétères. Au-delà des présupposées incompétences, incuries, aveuglements… précédemment actés, il faut quand même se demander pourquoi ? Avant de proposer des changements d’importances, que j’appelle personnellement de mes vœux, il faut se demander pourquoi ? En répondant à la question « Pourquoi faisons-nous les choses », devrait nous seulement nous éclairer comment les faire mais aussi nous unir à les faire.
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04/04/2020 18:14
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Nouvelle proposition à La consultation
Une société plus méritocratique ne connaît pas nécessairement une plus forte mobilité sociale…
Si l’idée qu’il y aurait un lien entre le pouvoir « kratos » et le mérite « mereo » (être digne) vous apparait comme une évidence, c’est certainement contre la volonté de son inventeur lexical Michael Young. En effet, dans son ouvrage L'ascension de la méritocratie paru en 1958, dans lequel il fabrique le mot pour les besoins de sa fiction sociologique, il dénonce les effets pervers du système d’éducation anglais. Une contre-utopie, dans la veine de 1984 d’Orwell, où une élite auto-légitimée par des diplômes symboles de leur infaillibilité, finit par se perdre dans sa désastreuse arrogance. Mais pour comprendre la charge littéraire de Michael Young, il nous faut revenir bien avant la création du terme, c’est-à-dire à l’origine du concept. La méritocratie, à laquelle se réfère l’auteur, émerge en Angleterre entre 1870 et la Première guerre mondiale. Elle se personnifie dans une nouvelle classe, supérieurement éduquée, provenant de la gentry et des commerçant enrichis. Dans un monde en constante évolution, face à l’immobilisme des traditions, elle va prendre opportunément en quelques décennies possession des bastions de l’aristocratie, armée, barreau, fonction publique, gouvernement…etc. au nom de la modernité. Devenue aristocrate à la place des aristocrates, elle organise le maintien de sa propre domination par la distribution de nouveaux titres nobiliaires : les diplômes. Ainsi, au travers des écoles choisies, se délivrent les pedigrees d’une transmission héréditaire. L’idéal méritocratique est donc pour M. Young un leurre, destiné à justifier les hiérarchies de richesse et de statut social telles qu’elles sont organisées au sein de nos sociétés. Elles ne sont en rien le reflet d’un quelconque mérite spécifique, mais celui d’un système promis à reproduire ses élites. L’ordonnancement social est ainsi figé, par la terrible morale qui lie ce que l’on gagne à ce que l’on mérite, comme le prix de son exacte valeur. Nommer les choses que l’on désigne par des mots ou des formules, contraires à la réalité qu’ils expriment, est assurément la stratégie confusionnelle la plus efficace. Michael Young est mort en 2002, il n’a jamais pu rétablir le sens initialement critique qu’il avait voulu donner au mot « méritocratie ». C’est pourquoi, l’ahurissement de l’époque à fait d’une dystopie, un modèle social positif où tous les parents espèrent désespérément hisser leurs enfants.
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04/04/2020 18:04
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Nouvelle proposition à La consultation
L'Europe n’a ni visage ni rivages, ni contours ni compteurs…
"… Le signe d’une démission et d’un renoncement historique. Flasque et ectoplasmique. Fade car fondée sur le consensus, car à 27 on ne peut dire que des lieux communs." Tel est, en 2019, le constat pessimiste du philosophe français Regis Debray à propos de l’Union Européenne. L'Europe un sujet inépuisable, qui finit cependant par épuiser, sans que l'on puisse finalement discerner la cause de l'effet. « Quand j'entends parler d'Europe, je sors mon oreiller. » ironisait le journaliste Claude Imbert. Alors, faut-il peut-être imaginer malicieusement, pour garder espérance à défaut d’espoir, que les « lieux communs » dénoncés par Régis Debray pourraient-être aussi « (..) une géographie dans le temps, comme la géographie n'est que l'histoire dans l'espace. » selon la très belle formule d’Elisée Reclus. Parmi les principaux reproches fait à l’Europe on retiendra, le dessaisissement des pouvoirs souverains de l’Etat (maitrise de la monnaie, de l’endettement, de la politique économique et commerciale, etc.) au profit de l’entité supranationale qu’est l’Union Européenne, dont une partie de ses organes actifs, comme la commission Européenne a force de proposition de loi, alors qu’elle n’est composée d’aucun élu. Ainsi, quel que soit le gouvernement en place au niveau national, le sentiment que la politique est toujours la même domine. Enfin, la règle de l’unanimité, semble nier les intérêts divers qui animent les états, et rendent de fait impossible toute entente générale sur les principaux sujets. De fait, cet ensemble à la fois très contraignant et très dilutif de la volonté des nations, est perçu comme ultra-technocratique. Incapable d’orienter de grandes politiques cohérentes, il donne fortement l’impression aux électeurs, d’être inadapté, à la fois aux grands enjeux sociétaux, comme à leurs préoccupations individuelles. Lors d’un sondage (Odoxa - Dentsu Consulting), publié à l’occasion des élections Européennes de mai 2019, seuls 29 % des Français considèrent l’Europe comme une source d’espoir, contre 61 % en octobre 2003. Quand il n'y a plus d'espoir, peut-il vraiment encore y avoir de l'espérance ?
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04/04/2020 17:57
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Nouvelle proposition à La consultation
L'automation EST le travail humain
Raisonner sur le jour d’après c’est toujours raisonné à partir du jour d’avant. Dès lors, toute initiative de changement qui se voudrait réelle est par avance condamner car elle se subordonne d’office à un système qui ne la rendra possible que si elle lui est compatible. Pour changer le monde il faut d’abord changer le système qui nous fait penser le monde. Ce n’est pas en pensant que l’on change les systèmes, c’est en changeant les systèmes que l’on change notre manière de penser. Le sociologue Antonio Casilli dans son ouvrage En attendant les robots enquête sur le travail du clic, analyse ce qui constitue pour lui l’imposture théorique de la robotisation. Une mystification des algorithmes, et de la supposée « smartification » de la société, qui loin de produire plus d’intelligence, produirait plus d’automation, dont une grande partie ne vaudrait que part la participation active des hommes. Une société, qui après avoir annoncé la fin de nombreux métiers, fantasmé simultanément l’intelligence artificielle disruptive et immanente, doit se confronter à la réalité. Celle d’un « digital labor », qui une fois les hallucinations du conformisme de l’époque estompées, fait apparaitre un « travail tâcheronnisé et datafié qui sert à entraîner les systèmes automatiques ». Un métier « digital » non pas au sens de numérique, mais bien au sens latin de « digitus », doigt , celui qui au bout de votre main clique sans relâche pour nourrir le « big data ». Un projet politique, selon l’auteur, qui ne décrirait pas sa réalité, entretiendrait toute sorte de chimères, afin de faire accepter toujours plus de précarité et donc de soumission, via « l’ubérisation » des métiers, la crainte du remplacement, mais aussi grâce à la déportation d’un travail gratuit, celui que chacun produit en interagissant avec les robots de toutes sortes et qui sont autant de productivité gagnée pour les entreprises à la poursuite de la croissance éternelle. Pour le chercheur une réalité systémique d’un modèle qui vend du « tech » mais loue à bas prix des hommes. Alors, le progrès serait-il trop « robot » pour être vrai, pour reprendre le mot de Jacques Prévert ? Difficile à certifier, alors même que l’on constate que pour l’instant, c’est moins le robot qui prend la place de l’homme, que l’homme qui se conformant aux limitations de la machine en devient lui-même l’instrument. « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde » nous avait déjà averti Albert Camus.
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04/04/2020 17:25
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Nouvelle proposition à La consultation
Le superflu finit par priver du nécessaire
Raisonner sur le jour d’après c’est toujours raisonné à partir du jour d’avant. Dès lors, toute initiative de changement qui se voudrait réelle est par avance condamnée car elle se subordonne d’office à un système qui ne la rendra possible que si elle lui est compatible. Pour changer le monde il faut d’abord changer le système qui nous fait penser le monde. Ce n’est pas en pensant que l’on change les systèmes, c’est en changeant les systèmes que l’on change notre manière de penser. "Ce sont les entreprises qui imposent des produits aux consommateurs, et non l'inverse." John Kenneth Galbraith (1908-2006) Sa thèse, montre en 1958 comment ce système est désormais au service de sa propre logique fonctionnelle, où l'homme ne serait plus que l'attribut nécessaire à défaut d'en être l'objectif ultime. « L'offre créée sa propre demande » théorisait Jean-Baptiste Say au XIXe siècle, une loi comme les économistes les goûtent, si naturelle qu’il faut les construire de toutes pièces. Dans son ouvrage L'Ere de l'opulence Galbraith dénonce le culte unanime de la production, qu'aucun individu, quel que soit son statut social ou ses idées politiques, ne semble remettre en question. Il analyse que les doctrines économiques qui sous-tendent cette idée générale sont foncièrement fausses. Ainsi, l'homme ne serait pas le consommateur né, cherchant irrésistiblement à satisfaire ses besoins infinis comme le présente couramment la doxa économique ; mais un être dont l'aspiration première et ultime serait le bonheur. Un état de plénitude, où l'équilibre serait celui de la satisfaction de ses besoins physiologiques, par nature limités, et d'autres part de ses besoins psychologiques, par essence limitables. La perversion que pointe alors Galbraith et qu'il appelle « la filière inversée » est d'avoir fait de l'économie un excitateur permanent de nos besoins psychologiques, où la production n’est plus la réponse aux besoins de l’homme, mais la justification d’un système qui les suscite et les invente Entre Pierre Choderlos de Laclos qui jugeait que « Le superflu finit par priver du nécessaire. » et Steve Job, co-fondateur d'Apple, qui postulait que « Ce n’est pas le boulot des consommateurs de savoir ce qu’ils veulent », presque deux siècles ont passé, le temps d’établir ce que Galbraith a parfaitement identifié comme de vraies liaisons dangereuses.
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04/04/2020 17:24
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Nouvelle proposition à La consultation
Le superflu finit par priver du nécessaire
Raisonner sur le jour d’après c’est toujours raisonné à partir du jour d’avant. Dès lors, toute initiative de changement qui se voudrait réelle est par avance condamnée car elle se subordonne d’office à un système qui ne la rendra possible que si elle lui est compatible. Pour changer le monde il faut d’abord changer le système qui nous fait penser le monde. Ce n’est pas en pensant que l’on change les systèmes, c’est en changeant les systèmes que l’on change notre manière de penser. "Ce sont les entreprises qui imposent des produits aux consommateurs, et non l'inverse." John Kenneth Galbraith (1908-2006) Sa thèse, montre en 1958 comment ce système est désormais au service de sa propre logique fonctionnelle, où l'homme ne serait plus que l'attribut nécessaire à défaut d'en être l'objectif ultime. « L'offre créée sa propre demande » théorisait Jean-Baptiste Say au XIXe siècle, une loi comme les économistes les goûtent, si naturelle qu’il faut les construire de toutes pièces. Dans son ouvrage L'Ere de l'opulence Galbraith dénonce le culte unanime de la production, qu'aucun individu, quel que soit son statut social ou ses idées politiques, ne semble remettre en question. Il analyse que les doctrines économiques qui sous-tendent cette idée générale sont foncièrement fausses. Ainsi, l'homme ne serait pas le consommateur né, cherchant irrésistiblement à satisfaire ses besoins infinis comme le présente couramment la doxa économique ; mais un être dont l'aspiration première et ultime serait le bonheur. Un état de plénitude, où l'équilibre serait celui de la satisfaction de ses besoins physiologiques, par nature limités, et d'autres part de ses besoins psychologiques, par essence limitables. La perversion que pointe alors Galbraith et qu'il appelle « la filière inversée » est d'avoir fait de l'économie un excitateur permanent de nos besoins psychologiques, où la production n’est plus la réponse aux besoins de l’homme, mais la justification d’un système qui les suscite et les invente Entre Pierre Choderlos de Laclos qui jugeait que « Le superflu finit par priver du nécessaire. » et Steve Job, co-fondateur d'Apple, qui postulait que « Ce n’est pas le boulot des consommateurs de savoir ce qu’ils veulent », presque deux siècles ont passé, le temps d’établir ce que Galbraith a parfaitement identifié comme de vraies liaisons dangereuses.
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04/04/2020 17:22
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Nouvelle proposition à La consultation
Le superflu finit par priver du nécessaire
Raisonner sur le jour d’après c’est toujours raisonné à partir du jour d’avant. Dès lors, toute initiative de changement qui se voudrait réelle est par avance condamnée car elle se subordonne d’office à un système qui ne la rendra possible que si elle lui est compatible. Pour changer le monde il faut d’abord changer le système qui nous fait penser le monde. Ce n’est pas en pensant que l’on change les systèmes, c’est en changeant les systèmes que l’on change notre manière de penser. "Ce sont les entreprises qui imposent des produits aux consommateurs, et non l'inverse." John Kenneth Galbraith (1908-2006) Sa thèse, montre en 1958 comment ce système est désormais au service de sa propre logique fonctionnelle, où l'homme ne serait plus que l'attribut nécessaire à défaut d'en être l'objectif ultime. « L'offre créée sa propre demande » théorisait Jean-Baptiste Say au XIXe siècle, une loi comme les économistes les goûtent, si naturelle qu’il faut les construire de toutes pièces. Dans son ouvrage L'Ere de l'opulence Galbraith dénonce le culte unanime de la production, qu'aucun individu, quel que soit son statut social ou ses idées politiques, ne semble remettre en question. Il analyse que les doctrines économiques qui sous-tendent cette idée générale sont foncièrement fausses. Ainsi, l'homme ne serait pas le consommateur né, cherchant irrésistiblement à satisfaire ses besoins infinis comme le présente couramment la doxa économique ; mais un être dont l'aspiration première et ultime serait le bonheur. Un état de plénitude, où l'équilibre serait celui de la satisfaction de ses besoins physiologiques, par nature limités, et d'autres part de ses besoins psychologiques, par essence limitables. La perversion que pointe alors Galbraith et qu'il appelle « la filière inversée » est d'avoir fait de l'économie un excitateur permanent de nos besoins psychologiques, où la production n’est plus la réponse aux besoins de l’homme, mais la justification d’un système qui les suscite et les invente Entre Pierre Choderlos de Laclos qui jugeait que « Le superflu finit par priver du nécessaire. » et Steve Job, co-fondateur d'Apple, qui postulait que « Ce n’est pas le boulot des consommateurs de savoir ce qu’ils veulent », presque deux siècles ont passé, le temps d’établir ce que Galbraith a parfaitement identifié comme de vraies liaisons dangereuses.