-
13/04/2020 18:06
-
Nouvelle proposition à La consultation
Devenons des biopunks ! Renouons avec le vivant
Voici quelques éléments de réflexion sur cette crise sanitaire sans précédent (dans nos vies en tout cas) : d’où ça vient ? quel est l’impact ? quel sera l’après ? • Le battement d’aile d’une chauve-souris Le vivant, dans sa version de l’infiniment petit, nous donne une claque monumentale via un effet boomerang fascinant : nos « petits gestes » de consommation nous reviennent en pleine face après un aller-retour sur le Pacifique. Si les liens ne sont pas directs, il est tout à fait certain que l’effritement massif de la biodiversité (à travers la réduction des habitats pour les espèces animales dans le cas qui nous occupe), le changement climatique et l’élevage intensif sont des facteurs accélérant des zoonoses. • Les impacts environnementaux et climatiques à court terme et la transformation de notre vision à long terme On peut distinguer en 2020 dans une approche technique de l’écologie quatre urgences : en premier lieu la reconquête de biodiversité et la lutte contre le changement climatique puis l’accélération de l’économie circulaire et la sécurisation de la santé environnementale. A court terme l’impact écologique du coronavirus est logiquement très positif : sans surprise quand l’économie s’arrête les émissions de GES baissent et on découvre un moyen – évidemment pas le bon – d’être aligné avec la trajectoire 2°C. Du côté de la biodiversité, les espèces sortent de leurs niches exsangues. En termes de « circularité » de l’économie, les boucles se resserrent sous la contrainte, notamment pour les produits alimentaires. Enfin et c’est sans doute le plus visible, les pollutions locales prennent un coup partout dans le monde et on découvre un environnement avec beaucoup moins de bruit et de particules fines. Voilà pour les « petites bonnes nouvelles », ce qui est sans doute plus intéressant et donne un espoir pour la suite c’est l’impact sur notre vision : 2020 avait démarré fort et en flammes avec les incendies australiens, s’est poursuivie avec une moyenne montagne à l’agonie recouverte de neige d’hélicoptères ou de camions et nous voilà maintenant confinés, condamnés - pour certains privilégiés - à nous poser des questions. Ces questions concernent notamment nos « jobs », a priori de 4 types : • nécessaires (agriculture, santé, enseignement, culture) : merci ! • engagés dans l’accélération (associations, collectivités qui ont pris le virage, …) : bravo ! • structurellement loin du compte (luxe, transport aérien, oil & gaz, …) : l’heure de la transformation a sonné ! • dans la zone grise (un peu tout le reste) : pesez pour augmenter la performance environnementale et sociale de votre structure. • L’après c’est maintenant En ce moment même, se discutent et se décident la suite de notre Histoire, par exemple le pacte vert européen : stop ou encore plus fort ? Bruno Latour évoque les « gestes barrières contre le retour à la production d’avant-crise » et nous invite à ne pas « gâcher cette crise ». Effectivement il va sans doute falloir à la fois lutter pour ne pas repartir gaiement comme avant mais aussi et surtout proposer et démontrer la validité d’options alternatives, incarner ce qu’il nomme le « Terrestre ». Il faut sortir très vite les « planches à dessin » pour repartir dans le « bon » sens. Côté biodiversité, on va se réveiller dans une « nurserie » puisque les espèces sont en forme : il faudra être extrêmement attentif au vivant pendant le redémarrage mais aussi trouver les solutions pour régénérer plus loin. Il ne s’agira pas de préserver les espèces mais d’aménager nos espaces publics et privés pour que la biodiversité s’y développe. Coté changement climatique, l’équation de Kaya devra nous guider : les émissions de GES c’est la population mondiale x du PIB par tête x du CO2 par point de PIB donc les options sont claires = il faut réduire la population (bof) et/ou décroître (à réfléchir) et/ou augmenter l'efficacité carbone (oui !). Pour l’économie circulaire pas besoin de schéma, la relocalisation devrait galoper à l’échelle micro (villes, villages) mais aussi à l’échelle européenne ! La santé environnementale, enfin : ça va être le moment de repenser au « One Health ». Voilà, tout se joue maintenant ! Il faut à la fois (finir d’) inventer et démontrer une écologie solidaire. Les 4 urgences écologiques doivent plus que jamais se résoudre à travers des solutions qui ont aussi des bénéfices sociaux. Pas besoin d’aller chercher très loin pour trouver les exemples : le bien-être de tous augmenté grâce à une végétalisation massive, la lutte contre la précarité énergétique pour réduire les émissions de GES, le développement d’emplois et de filières locales de réparation d’objets ou l’amélioration de la qualité de l’air dans les zones les moins favorisées. Une des solutions nous est suggérée par le génial Alain Damasio : renouons avec le vivant et devenons des « biopunks » !
-
13/04/2020 18:06