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24/04/2020 15:36
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Nouvelle proposition à La consultation
Salaire à la qualification personnelle
Si l'INSEE rappelle que la précarité tue 15000 personnes par an, il est évident qu'il faut construire des institutions alternatives à ce que nous connaissons aujourd'hui pour apporter une réponse pérenne à cette précarisation de l'emploi. L'enjeu quasi anthropologique qui s'impose à nous est de CHANGER LE RAPPORT AU TRAVAIL ! En réalité, dans l'institution actuelle du marché de l'emploi, si une personne ne trouve pas un employeur pour l'embaucher, elle se retrouve totalement démunie (peu importe sa situation, sa qualification personnelle...) Le marché de l'emploi ne reconnaît les travailleurs comme étant des producteurs que lorsqu'ils sont dans l'emploi (c'est-à-dire quand mettent en valeur du capital : que ça soit en travaillant dans une usine, en faisant la plonge dans un restaurant ou en conduisant une voiture pour valoriser la plate-forme Uber), peu importe leur utilité ou leur qualification. Heureusement, des avancées ont été réalisées pour permettre de reconnaître des travailleurs hors de l'emploi (oui, le travail ne se réduit pas à l'emploi). C'est tout l'enjeu du mode de rémunération de la fonction publique d'Etat : tous les fonctionnaires passent un examen attestant de leurs compétences et reconnaît ainsi leur qualification. Les fonctionnaires deviennent ainsi titulaires de leur grade (qui dépend de leur qualification, qui peut évoluer au gré de l'ancienneté ou des inspections) et leur rémunération ne dépend ainsi plus de leur poste (comme c'est le cas dans l'institution du marché de l'emploi), mais de leur qualification personnelle. Ils ne peuvent ainsi pas perdre leur rémunération. Même s'ils changent de poste, ce qui détermine leur salaire (si on entend salaire comme étant la contre-partie d'une contribution productive) ce n'est pas leur poste (un.e prof de maths sera payé pareil qu'il/elle soit à Brive, Toulouse ou Grenoble) mais leur qualification personnelle, dont ils/elles sont les uniques titulaires ! On comprend ici que parler de "sécurité de l'emploi" des fonctionnaires n'a aucun sens : ils n'ont pas d'emploi et c'est justement pour ça que leur mode de rémunération est émancipée du marché de l'emploi et leur assure une certaine décence et stabilité (et même une dignité). L'enjeu n'est donc pas de détruire ce mode de rémunération (comme le gouvernement a pu le faire avec le statut de cheminot, qui obéissait aux même logiques), mais de l'étendre ! C'est l'une des seules issues qui permettra d'accorder de la dignité à tou.te.s les travailleu.r.se.s, non pas en leur promettant une revalorisation du pouvoir d'achat sans s'attaquer à ce qui crée la précarité (via la non-protection des offreurs de travail sur le marché de l'emploi) mais en les reconnaissant comme contribuant à la production de valeur et, à ce titre, inventer un mode de rémunération qui dépende de leur qualification personnelle et non pas de leur poste (qu'ils doivent quémander à quelconque employeur). Au contraire de ce que représente le revenu universel (qui ne change en rien le rapport au travail !) le salaire à la qualification personnelle permet de libérer le travail du marché de l'emploi. Au-delà du statut des fonctionnaires, d'autres mécanismes existent et peuvent constituer une source d'inspiration pour inventer un système qui libérerait le travail du marché de l'emploi. C'est le cas du mode de rémunération des indépendant.e.s conventionné.e.s par la Sécurité Sociale du Soin (qui sont payés grâce à la socialisation de valeur - permise par les cotisations sociales - qui alimente les caisses de Sécurité Sociale) ou encore la part de salaire socialisé que représentent les Allocations Familiales (dont le versement ne représente rien d'autre que la reconnaissance qu'éduquer un enfant relève du travail, mais d'un travail hors de l'emploi - d'ailleurs certain.e.s paient des nounous ou des aides au devoir pour le faire, c'est donc bien du travail). Inscrivons le droit à un salaire à la qualification personnelle comme un droit politique et inspirons-nous du "déjà là" pour ce faire !
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