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Numérique et urgence environnementale : soyons cohérents
Les technologies du numérique portent de manière emblématique l'ambivalence terrible du fonctionnement actuel de nos sociétés. Dans bien des pays, personne ne peut s'en soustraire, elles sont incontournables de par leur puissance et leur utilité ; et à la fois, elles génèrent dans des zones de bordure et autres arrières-boutiques que nous gardons soigneusement à l'abri des regards (data-centers...) des ravages écologiques s'aggravant exponentiellement sans aucun frein.
On sait que le numérique en tant que domaine rivalise maintenant en termes de génération de CO2 avec des pays entiers. On sait que ce sont les usages les plus futiles qui pèsent le plus lourd (vidéos loisir, notamment pornographiques). On sait la responsabilité des grandes entreprises du secteur, Gafam en tête, qui attisent l'incendie en démultipliant toujours plus les usages énergivores de ces technologies dès que cela peut permettre de mieux détourner – pour la revendre – notre attention. Celle-ci pourtant gagnerait infiniment à s'appliquer sur des sujets bien plus cruciaux, qui malheureusement ne manquent pas en ce siècle charnière.
Ce qu'on sait parfois moins, c'est que, sur ce sujet comme sur d'autres, la course vers le mur s'accélère encore.
Il est régulièrement question de la 5G pour mentionner les problèmes politiques et stratégiques, mais il est peu question de ses impacts environnementaux : augmentation de plusieurs pourcents de la consommation électrique nationale (jancovici.com/publications-et-co/articles-de-presse/faut-il-faire-la-5G), surconsommation en équipements, objets connectés en tête, et dégâts sur les insectes (https://www.nature.com/articles/s41598-018-22271-3) notamment. Peut-on réellement trouver une cohérence entre le développement d'une technologie qui par ailleurs peine à démontrer un intérêt sérieux pour le grand public, avec l'accord de Paris ainsi qu'avec le nécessaire enrayement de l'effondrement de la biodiversité, surtout quand on connaît l'importance vitale et l'aspect irremplaçable des insectes pour notre agriculture et la survie de toute la chaîne alimentaire, nous inclus ?
Autre usage aberrant : la blockchain. Pour ce qui est de son application la plus connue, le bitcoin, là aussi la consommation électrique est déjà comparable à celle d'un pays entier (https://www.pourlascience.fr/sd/economie/la-folie-electrique-du-bitcoin-10059.php). Pour quelle faible quantitié d'utilisateurs ? Et la consommation augmenterait bien plus vite que le nombre de ceux-ci. Vous accepteriez une nouvelle centrale nucléaire derrière chez vous pour que quelques personnes aux activités et intentions souvent douteuses aient les moyens de cacher encore mieux leurs transactions financières ?
En conséquence, il conviendrait de manière urgente de réduire l'impact environnemental de l'ensemble du secteur du numérique.
- avoir le courage politique de se mesurer aux grands acteurs internationaux du numérique et d'enfin accepter que ce que nous voulons pour nos sociétés, ce que contient l'accord de Paris notamment, doit primer sur leurs intérêts privés ;
- encourager l'amélioration de l'écoconception des équipements numériques, en mettant la 5G et la blockchain au rebut, sauf dans leurs applications réellement utiles
- taxer la consommation de données, par un impôt plus ou moins direct, pour limiter les usages les plus futiles que nous ne pouvons plus nous permettre
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