La consultation
#LeJourdAprès consultation
L’ère de la sobriété ? (Tribune de Cyril Dion dans le journal Le Monde)
Le dérèglement climatique et la disparition massive de la biodiversité ont une origine commune : nous vivons au-dessus de nos moyens. Pour ne parler que de la France, nous dépensons notre budget annuel de carbone – ce que nous pouvons émettre sans risquer de déséquilibrer le climat – en deux mois. Nous épuiserions notre budget de ressources naturelles – ce que nous pouvons prélever sans épuiser le stock – en six. Et je ne parle pas des Américains, des Chinois, des Anglais ou des Australiens. Nous avons besoin de rééquilibrer notre budget et décélérer.
L’épidémie due au coronavirus nous en offre une saisissante démonstration. Les émissions chinoises auraient baissé de 25 % en février, comparativement à 2019. Celles de l’Italie suivent le même chemin. La pollution de l’air a été réduite de façon si radicale qu’un chercheur de l’université de Stanford n’a pas hésité à affirmer que « la réduction de la pollution en Chine a probablement sauvé vingt fois plus de vies que celles qui ont été perdues en raison du virus » (même si cette affirmation serait à relativiser lorsque nous connaîtrons le véritable nombre de morts…).
Du côté de la vie sauvage, il en va de même. Des dauphins ont été filmés dans les canaux de Venise, des sangliers dans les rues de Rome, l’ensemble de la faune chinoise, française, italienne, espagnole… est pour la première fois depuis des décennies (peut-être même des siècles) préservé des collisions avec les voitures, de la présence prédatrice des humains…
En nous confinant, en faisant s’effondrer la croissance, le produit intérieur brut (PIB), les cours de la Bourse, nous sauvons le climat et la biodiversité. A quel prix ? Combien de faillites, de chômeurs, de morts liés à une récession mondiale que les Etats tentent de juguler en creusant leurs déficits et en débloquant des sommes considérables qui, en temps normal, sont supposées ne pas être disponibles pour les urgences climatiques ou les déboires des hôpitaux publics. Passons. Car c’est justement le nœud du problème : comment choisir de ralentir plutôt que de subir l’effondrement.
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