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Carte carbone: permettre à tout un chacun d’évaluer et de visualiser ses dépenses carbonées
On parle beaucoup des inégalités excessives et on souligne le fait que la transition énergétique nécessite une réduction franche des inégalités. C’est vraisemblable.
Le thème des inégalités étant un débat politique complexe qui correspond à un clivage gauche droite classique et qui prend beaucoup de temps (et même, qui n’a pas vocation à s’arrêter jamais), il me semble peu productif de le poser en termes classiques d’inégalités de revenus, alors qu’on recherche un consensus pour passer à l’action au sein de nos démocraties européennes, ainsi que dans de nombreux autres pays moins démocratiques.
Il me semble plus logique, et je l’espère moins clivant et moins paralysant, et plus à même de conduire à des décisions consensuelles permettant de lutter efficacement contre le changement climatique (je mets de côté les autres problèmes environnementaux pour faciliter le raisonnement), de les poser en terme d’inégalités de dépenses.
Au fond, quel est le résultat qu’on veut obtenir ? Réduire drastiquement les émissions de CO2 (je mets les autres GES de côté, une fois de plus pour faciliter le raisonnement). Aussi je propose une approche plus nuancée. La richesse excessive qui pose problème est celle qui conduit à des émissions de CO2 excessives, et plus précisément, ce qui pose problème, ce sont les dépenses qui donnent lieu à ces émissions. Inversement, les dépenses qui ne conduisent pas à ces émissions ne posent pas de problème en regard du changement climatique. Est-ce que cela nous gêne si telle ou tel dépense des fortunes en concerts, théâtre, cours de chant, formations personnelles, activités sportives sous réserve qu’elles soient faiblement carbonées ? Concentrons-nous donc sur les dépenses carbonées.
J’avais proposé lors du Grand Débat de 2019 « une taxe kilométrique progressive » sur les déplacements, tous confondus (automobiles, aériens, etc). L’idée était de donner un budget kilométrique annuel à tout un chacun, permettant de travailler et de vivre raisonnablement, et même confortablement, mais sans aller vers le superflu encore moins le gaspillage. (cf. en référence une courbe stylisée de l’Indice de Développement Humain avec l’échelle à cinq niveaux vital/utile/confort/superflu/gaspillage pour rappeler qu'à partir d'un certain niveau de richesse on dépense beaucoup pour augmenter peu sa satisfaction).
Mais mon point de vue a évolué depuis un an, car les français sont réticents aux taxes. Qui plus est, la part des transports dans notre empreinte carbone n’est que de l’ordre d’un quart, que faisons nous de toutes nos autres dépenses (logement, alimentation, habillement, objets manufacturés, etc) ?
Or justement l’idée de la carte carbone fait son chemin. Les anglais l’avaient étudiée il y a plus de dix ans. Certes, ce n’est pas simple en raison des collectes de données carbone à réaliser, mais certains la proposent de nouveau aujourd’hui. Elle est rendue possible par la numérisation poussée de notre société. Elle permettrait de comptabiliser l’empreinte liée à tous les achats, pas seulement ceux liés au transport. Certains acteurs économiques la testent déjà en Suède, en Corée.
Alors, grâce à un projet à grande échelle « Carte Carbone », avant de penser taxe, pensons prise de conscience par comptage, évaluation et visualisation. Ce qui compte c’est de permettre régulièrement à tout un chacun, de manière confidentielle, de visualiser son empreinte carbone, d’en comprendre les composantes, de la comparer à la moyenne nationale, à la moyenne européenne, mondiale et à la cible de la neutralité carbone, et de s’en inspirer pour faire des arbitrages. C’est un peu comme le compteur linky d’ENEDIS pour gérer ses consommations d’électricité.
Un effet espéré est qu’une part significative de la population ferait les arbitrages de consommation pour restreindre ses dépenses très carbonées, au profit des dépenses peu carbonées.
Cela préparerait aussi à une deuxième étape si cette première étape n’était pas suffisamment efficace (mais elle pourrait l’être, dans la prise de conscience des "jours d'après"), où les dépenses carbones excessives seraient taxées de manière progressive, au nom de l’intérêt général.
Enfin, cela apporterait un bel outil de résilience en cas de pénurie d’énergies carbonées en permettant en cas de crise, toujours pour l’intérêt général, le rationnement des émissions pour les besoins vitaux et utiles. Tout rapprochement avec la situation connue aujourd’hui n’est évidemment pas fortuit.
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