La consultation
#LeJourdAprès consultation
Réflexion sur la santé
La crise que nous traversons aujourd'hui montre une situation d'urgence extrême et évidente en première ligne : l'état de notre système hospitalier public. Trop de réductions de lits alors que la misère hospitalière n'a fait qu'augmenter, aussi bien au niveau des urgences vitales, qu'au niveau de l'assistance publique, quotidien non négligeable dans les hôpitaux en raison de l'augmentation de la misère sociale.
Les politiques budgétaires libérales qui ont affaibli le système hospitalier public ont amené une autre situation des plus honteuses : la dégradation de nos personnels soignants, infirmières, médecins, aides soignants et tout le corps hospitalier public, non seulement au niveau de la rémunération absolument indécente, mais aussi en termes de moyens alloué, matériels, humains, financiers et d'accompagnement du personnel (les temps de garde, l'accompagnement psychologique des soignants les plus exposés à des situations dramatiques, etc...)
Il n'est plus acceptable, et il ne l'a jamais été, que les hôpitaux privés soient devenus le fleuron du système de santé français. Il n'est pas acceptable que les meilleurs moyens se trouvent dans les hôpitaux privés, non seulement parce que ceux-là échappent à l'état en dehors du plan blanc, mais surtout parce que cette santé privé n'est accessible qu'aux plus privilégiés. Nous tombons dans un système anglo-saxon où la santé n'appartient qu'au plus offrant, où la vie ne tient que sur le compte en banque des individus, et plus sur des critères de santé publique.
Ce système est à l'opposé des grands principes de la sécurité sociale à la française, et de l'égalité et de la fraternité qui est chère à toute la société française, et qui a toujours permis au peuple français de se rassembler. Une vie est une vie, et cette vie doit être sauvée, qui que vous soyez, que vous ayez fumé toute votre vie, que vous soyez sans sou ou multi milliardaire. L'égalité des chances dans notre pays doit commencer par l'égalité devant la vie.
Il est donc nécessaire de redonner tous ses moyens aux hôpitaux publics.
Voici pour la partie "visible". La crise du coronavirus a aussi mis en exergue la perte terrifiante de la souveraineté nationale sur notre système pharmaceutique et sur la technologie médicale, pourtant aussi fondamentale que notre souveraineté alimentaire ou militaire par exemple.
Médicaments et technologies produits en dehors d'Europe par des entreprises parfois non européennes, perte de la maitrise de la chaine d'approvisionnement des masques et de tout matériel médical. Au delà des problématiques de pénurie et de logistique que cela entraine, et donc de temps et de morts, cela a une autre conséquence tout aussi dramatique : la perte de compétences dans le secteur pharmaceutique et médical.
Le drame aujourd'hui de cette pénurie, est que même avec toute la volonté nationale des entreprises et des citoyens, nous n'avons plus les compétences humaines requises pour fabriquer masques, médicaments, respirateurs, et tout le nécessaire médical propre à une crise sanitaire. Pas assez pour une épidémie qui peut toucher plus de la moitié de la population (cela marche pour le coronavirus, ou pour tout autre crise sanitaire).
Il est donc urgent de :
- Renationaliser les filières stratégiques du domaine médical et pharmaceutique. Le profit ne peut être la finalité d'un organisme qui a pour mission de sauver des vies. Au même titre qu'on ne privatise pas la justice ou la police... Et encore que...
- Des organes de contrôle indépendants, qui s'assureraient et controleraient les stocks et les compétences pour s'assurer de l'indépendance médicale du pays.
- Si les différentes guerres ont amené la mise en place de services militaires, pourquoi ne pas réfléchir à des services sanitaires ? Car si on peut essayer de contrôler les guerres par tous les moyens (dissuasion, diplomatie), il est en revanche impossible de négocier face à une crise sanitaire, que cela soit un virus ou une catastrophe naturelle. On ne négocie pas avec la nature et des éléments qui nous dépassent. Cela permettrait d'avoir une réserve sanitaire médicale, mais aussi technologique pour la fabrication de matériels médicaux et pharmaceutiques.
Enfin, il est nécessaire d'entendre les difficultés des chercheurs également. Il n'y a pas de médecine durable sans recherche, et c'est ce que l'histoire a démontré à plusieurs reprises, avec Pasteur ou avec Koch. Et cette question dépasse la seule question de santé publique, puisqu'elle prend aujourd'hui une tournure géopolitique, où toutes les puissances font la course à la recherche, au traitement ou au vaccin, et que ce sera au premier qui trouve. De la même manière que la course à l'espace était un enjeu majeur de la guerre froide. Le traumatisme du coronavirus risquant de durer très longtemps, il y a fort à parier que cette course dure plus qu'un 100m.
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