La consultation
#LeJourdAprès consultation
Repenser le système de santé
La pandémie de Covid 19 fait la démonstration que notre organisation est à bout de souffle. D'un coté une médecine de pointe, parmi les meilleures du monde sans doute, et un accès aux soins presque pour tous. De l'autre, un hôpital public épuisé par des années de restrictions, par un système de financement qui l'étrangle depuis 10 ans, un défaut de réelle intégration de la médecine de ville dans le dispositif de 1er recours qui surcharge les services d'urgence de fausses urgences relevant de la ville, tandis que la tarification à l'activité (T2A) a permis à l’hospitalisation privée de prospérer grâce aux activités rentables et sans complications majeures.
Nous constatons que les stocks en vue des épidémies ou autres catastrophes mis en place par R Bachelot, jugés dispendieux, y compris par la Cour des Comptes sortant de son rôle, se sont considérablement réduits. En 2020 nous n'avons plus de masques, nous n'avons plus assez de lits de réanimation, nous n'avons plus assez de matériel, nous manquons de médicaments ! Les personnels hospitaliers dans une prouesse extraordinaire ont réussi l'impossible de doubler les lits de réa, de faire des transferts sanitaires, d'imaginer des stratégies thérapeutiques nouvelles. On ne peut compter que cette chance se renouvelle, il suffira d'une catastrophe un peu plus forte, un peu plus rapide, un peu plus meurtrière encore, et notre bel outil de soins sera totalement submergé en quelques jours !
On ne peut pas raisonnablement maintenir actifs en permanence 20 000 lits de réa si 10 000 suffisent. Mais il faut être certain de monter rapidement en puissance, il faut du matériel disponible ou susceptible de l'être très rapidement par une production relocalisée intégralement en Europe, il faut une production de médicaments intégralement européenne, au moins pour des matériels et des produits listés comme stratégiques. Nos hôpitaux s'en sortent parce que les directeurs administratifs se sont mis à la disposition des médecins, enfin ! N'oublions pas que même chez nous, le Service de Santé des Armées est dirigé par un médecin général ! Ne nions pas le rôle majeur des équipes administratives et de nos gestionnaires, mais comme disait De Gaulle l'intendance doit suivre. Dans un hôpital les opérationnels c'est quand même les soignants !
La crise actuelle montre l'intérêt du maintien d'une autorité sanitaire centrale mais l'idée d'un échelon régional "de temps de paix" est aussi indispensable. Lequel ? Autrefois les directions départementales et régionales de la santé maintenaient une proximité de terrain avec les professionnels au moins du public. Les ARH ont été une innovation très intéressante aux cotés des échelons déconcentrés, cellules hyperactives de petite dimension, capable de réactivité. Elles ont été remplacées par les ARS, monstres technobureaucratiques, caricatures de démocratie sanitaire, pilotées de fait en direct par Bercy, structures de démotivation, génératrices d'inertie, à faire maigrir d'urgence et à replacer sous la dépendance stricte du ministère de la santé !
La médecine de ville doit retrouver sa place dans un dispositif de soins de premier recours. Elle doit se réorganiser pour accueillir des patients sans rendez- vous pour qu'ils n'aillent pas aux Urgences, elle doit mettre en place en avant-poste des urgences, physiquement adossées à elles, accessibles selon les mêmes modalités financières, des maisons médicales ouvertes H24 passage obligé pour tous les patients non adressés, pour un premier tri, les Urgences retrouvant alors leurs missions initiales !
Les coopérations inter hospitalières dans un même bassin de vie existent avec les établissements à but non lucratif, dans des réseaux de spécialités ( cardio, cancéro, SSR par ex) mais il n'est pas admissible dans un système financé par l'argent public de laisser la bride sur le cou à l'hospitalisation privée à but lucratif !
La médecine française avec ses 2 piliers public et privé est un luxe. Il faut certes sans doute respecter cette tradition, mais en garantissant une coordination et en veillant aux abus ! L'argent des citoyens ne doit pas aller aux actionnaires des grands groupes financiers internationaux pendant que l'hôpital public agonise !
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