La consultation
#LeJourdAprès consultation
Un vrai concurrent pour le PIB
Le problème des décideurs politiques, c’est qu’ils ont besoin de repères simples pour pouvoir trancher. Le PIB est un repère très simple, et même trop simple, comme le signalait son inventeur lui-même (Kuznets). Il mesure l’ampleur d’activité « marchandes », autrement dit, d’activités pour lesquelles un prix a été fixé (le plus souvent, par le marché) et payé. Il ignore ou sous-estime la valeur d’activités très utiles, mais pas rémunérées (aidants), ou sous-rémunérées (celle des infirmières en France, par ex.). Mais il subsiste parce qu’il est simple à établir et parce qu’il le seul indicateur qui permette de comparer tout de suite l’état de « santé » de tous les pays du monde. Essayer de l’améliorer en y intégrant de nouveaux paramètres comme l’impact écologique, pourquoi pas, mais cela prendra du temps, et suscitera des débats sans fin: beaucoup ne voudront pas y toucher. Pourquoi ne pas lui opposer un concurrent ? Un nouvel indicateur parallèle, dont on serait plus libre de définir les composantes, qui serait d’une simplicité propre à frapper les esprits, qui serait unique et permettrait de comparer aussi les pays en fonction du bien-être réel de leurs habitants ? La France pourrait charger l’Insee de l’établir et de le publier chaque année et même chaque trimestre en même temps que le chiffre de croissance du PIB. L’économiste Éloi Laurent propose un indicateur de bien-être. Ce pourrait même être un indicateur de santé. Pourquoi pas? On se rend bien compte qu’il n’y a pas de bonheur, pas de bien-être, pas de prospérité possibles si la population n’est pas en bonne santé. Et elle ne peut être en bonne santé si elle n’est pas suffisamment instruite et informée. Etc. On se rendrait compte 1) que cet indicateur n’est pas si mauvais que cela pour la France; 2) que les dépenses nécessaires pour le maintenir à niveau ne sont pas les mêmes, et qu’elles ne seraient peut-être pas forcément si importantes; 3) qu’il n’est peut-être pas nécessaire qu’il progresse indéfiniment comme le PIB. La France pourrait montrer la voie au monde, à peu de frais (ce serait d’abord un travail de statisticiens). Et l’Office statistique européen, Eurostat, pourrait faire de même avec les 27 pays de l’Union européenne. Pouvoir comparer le chiffre du PIB et le chiffre de l’indicateur « Santé » (ou d’un autre indicateur alternatif) donnerait une image de la situation bien différente (et surtout moins oppressante, y compris pour nos responsables politiques). Les indicateurs alternatifs déjà proposés n’ont pas convaincu: trop compliqués? trop idéalistes? trop subjectifs (comment définir le « bien-être »)? La santé, on devrait pouvoir s’entendre sur ce que cela veut dire...
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