La consultation
#LeJourdAprès consultation
Compensations ? appel à un réveil et une vigilance
Les métamorphoses de notre économie sont pleines d'embûches.
Et si nous recommencions une forme d’auto-colonisation des espaces naturels à l’échelle mondiale ?
Nous assistons à la multiplication d'actions de plantation de forêts, et plus savamment de compensation pour la nature, compensation carbone, capital naturel.
Et si c’était une nouvelle erreur, philosophique, surtout écologique, économique et sociale, surtout sociale d’ailleurs.
Pour beaucoup, notre contact avec le réel et le tempo sage et lent de la nature est faible.
Nous n’avons plus non plus l’expérience sociale du vivre ensemble sur des biens communs, sur des biens publics, liés par un tissu social qui nous protège de la prédation (théorie des jeux).
Rappelons nous des pratiques agraires partagées sur la Meseta espagnole, ou sous les châtaigniers corses, tellement bien décrits par Geneviève Michon.
Avec nos finances vertes potentielles issues de l'industrie et de la finance, pouvons nous imaginer d'engager une action d’envergure ? Pouvons nous même imaginer de décarboner en harmonie avec les ecosystèmes ?
La réalité est très probablement une nouvelle perturbation significative Ne sommes nous pas en effet trop crédules ! Un nouveau marché de valorisation de la nature se profile. De jeunes organisations très marketées, enthousiastes, citadines, s’initient à faire du développement agricole et paysagé, poussées par leurs bailleurs. Or dans ces domaines, les indicateurs et les mesures sont quasi à tout coup tellement délicats et à considérer avec un regard d’humilité et de sagesse « ancestrale », ethnographique, ce qui est hors de portée en raison de la complexité en jeu.
Un des problèmes majeurs se situe dans le décalage du rapport primordial à l’argent . Ces organisations disposent relativement de beaucoup d’argent au regard de ce que le monde de l’agriculture manipule, en France comme dans les pays du sud.
C’est une question ou un iatus anthropologique majeure.
Bien sûr que les acteurs locaux (encore une fois autant au nord qu’au sud) sont séduits par la manne d’argent et sont alors prêts à bouleverser leur pratique : transformation de leur propre espace agricole , vente (sous des formes adoucies) de terres même ! Or depuis les grandes opérations des latifundia d’Amérique du Sud, les académiques ont montré que politiquement, économiquement, humainement, et pour un développement harmonieux, la terre appartient à celui qui la cultive.
Ensuite, il se trouve que les projets de développement de compensation ne « marchent » pas comme on voudrait : les questions de qualité des sols, de relation spatio-temporelles entre pasteurs et sédentaires, (surtout en période de migrations et de conflits locaux) génèrent des aléas à grande échelle. La dimension si important dans nos villes autour des calculs des prévisions, ne fonctionne pas aussi bien que prévu sur le terrain des paysages.
Or au même moment, nous avons organisé, puisque c’est notre talent, un marché, un discours, des opérations d’échange de très haut raffinement, mais toujours basé sur notre savoir faire économique et financier rôdé : celui des marchés internationaux.
Le iatus se déploient donc entre réalité socio-agronomique et espérance de résultats à terme. La possibilité de constituer une bulle financière est en place, et le scenario peut durer longtemps
Or nous ne pouvons plus risque de perdre un temps précieux en générant des dégâts sur nos paysages éco-socio-campagnards. Les ruptures des équilibres, déjà fragiles des économies agricole génèrent les ruptures paysagères, les désastres écologiques, et enfin, les cassures sociales.
Et si nous avions l’humilité et la force combinée des célèbre ethnologues et économistes de la relation entre nature et société, Françoise Heritier, Claudine Friedberg, Florence Brunois, Claude Levi Straus, Philippe Descola, Bruno Latour, Jaques Weber ? c’est quand même une chance inouïe d’avoir une telle école de pensée et d’action terrain dans nos académies.
Cela nous permettrait de penser local, territoire, lenteur ou freinage dans la démarche de nos grosses cylindrées occidentales, pour faire face à la vitesse, l’urgence de la transformation nécessaire
Cela nous permettrait d’agir directement là où on opère, sur nos business, plutôt que par procuration.
Ce serait une nouvelle cosmopolitique globale ?
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