La consultation
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Changement des méthodes de calcul des indicateurs économiques
La grande illusion: l’inflation
On voudrait nous faire croire qu’il n’y a aujourd’hui pas d’inflation. Dans ce cas, comment expliquer que 65% des ménages des pays de l’OCDE aient vu leur revenus réels (à la fois ceux du travail et du capital) stagner ou baisser entre 2005 et 2014 comme le démontre l’excellente étude de McKinsey « Poorer than their parents ? Flat or falling incomes in advanced economies » réalisée en 2016 ? Cette génération serait la toute première à être plus pauvre que la précédente.
En vérité, le calcul de l’inflation (appelée HICP en Europe, Harmonised Index of Consumer Prices) est archaïque. Il intègre certes les nouvelles technologies (téléphone portable et autres forfaits internet) qui ont un impact baissier sur les prix des biens et services, mais il n’inclut pas en Europe un facteur essentiel qu’est le coût des loyers. Or, d’après le baromètre SeLoger, les loyers ont augmenté de 2,5% en France et de 4,9 % à Paris en 2019, et parfois plus dans certaines capitales européennes. Afin de refléter la réalité du coût de la vie, la méthode de calcul de l’inflation doit évoluer et être harmonisée au niveau international pour permettre de vraies comparaisons entre les pays.
Nous vivons donc dans un monde où l’inflation n’est pas nulle. Elle est même estimée par certains économistes aux alentours de 3 à 5% dans les pays développés. Ainsi, de nombreuses décisions économiques sont basées sur une information erronée. Les cours boursiers en sont une parfaite illustration : si les bénéfices futurs des entreprises étaient actualisés en prenant en compte une inflation de 4% au lieu de 1%, les cours seraient inférieurs d’environ 20%.
En fait, tout se passe comme si nous avions un marché volontairement surévalué au service des performances boursières. Cette bulle de l’inflation, une parmi d’autres, éclatera le jour où l’inflation sera calculée correctement.
L’éternel mantra : le PIB
Le produit intérieur brut, appelé PIB, est le principal indicateur pour évaluer la croissance économique. Il est censé évaluer la production totale d’une nation en un an. Ainsi, plus une nation produit de biens et services, plus son PIB augmente et plus ses perspectives économiques sont bonnes. Cela conduit à certains paradoxes saisissants. Par exemple, plus un pays produit des médicaments, indicateur d’une société malade, plus son PIB est élevé et meilleure est sa croissance économique.
Mais, la croissance se fait souvent aux dépens d’externalités telles que la dégradation des sols, la pollution de l’eau et d’autres dommages environnementaux et sociaux, dont les impacts sont préjudiciables à la société et difficilement quantifiables.
Par ailleurs, le PIB devrait intégrer des éléments qualitatifs tels que le bonheur, l’harmonie et la santé.
Depuis les années 1970, le Bhoutan utilise le concept de bonheur national brut (BNB) comme alternative au PIB. Plutôt que de se concentrer strictement sur des mesures économiques quantitatives, le BNB considère la bonne gouvernance, le développement durable, la préservation et la promotion de la culture et la préservation de l’environnement comme les quatre piliers de toute loi votée par le parlement.
Au XXI siècle, Il est grand temps de changer la façon de calculer le PIB en prenant en compte les externalités liées à la production et les éléments qualitatifs mesurant la santé mentale d’une société afin d’avoir une vision holistique de la croissance.
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