La consultation
#LeJourdAprès consultation
Un autre ordre économique
Je suis persuadé que la crise économique qui est devant nous peut nous obliger à reconsidérer totalement notre approche du rôle de la monnaie, et contraindre les plus récalcitrants à réfléchir sur les dettes accumulées.
Nous aurons vraisemblablement la conjonction d’un effondrement de l’activité – assez long pour laisser des traces indélébiles – d’une baisse des recettes fiscales des états, et de l’accumulation des sommes injectées pour tenter de limiter la crise (qui s’ajouteront à l’endettement actuel, qui résulte en partie des crises précédentes). Sans oublier la probable explosion des bulles financières accumulées (par exemple, les produits dérivés représentaient, il y a un an, six fois le PIB mondial…).
A cela s’ajoutera peut-être, et on doit le souhaiter, la nécessité de financer une transition écologique pour conjurer la probabilité de nouveaux drames.
Alors, je ne vois pas où trouver des solutions, ailleurs que dans des options qui paraissent aujourd’hui utopiques.
C’est le moment de redécouvrir que l’argent est un outil, un moyen, et non une fin ; une invention humaine, qu’on vénère aujourd’hui bien plus qu’on ne respecte les ressources naturelles qu’on pille allégrement. Et de sortir de ce nouveau "culte du veau d’or", qu’a renforcé la financiarisation de toutes nos activités. Le discours sur la dette relève d’une stratégie d’asservissement. Pouvons nous accepter que, face aux défis environnementaux, démographiques et sociaux, on condamne à mort des millions – voire des milliards – d’individus, parce que « nous ne savons pas où trouver l’argent » ?...
Nous pourrions conserver un système proche de l’actuel, pour tout ce qui ressort de l’activité purement commerciale, en veillant néanmoins à lutter contre les dérives spéculatives, celles-ci allant, par exemple, des produits dérivés aux acquisitions d’entreprises en LBO.
Pour les activités non commerciales, et pour les investissements relevant de l’urgence environnementale et sociale, il ne semble plus possible de s’en tenir seulement au financement par un prélèvement (impôts, contributions sociales…) sur l’activité marchande.
Il faut considérer la "valeur", non fiduciaire, de ces activités, et des autres formes de richesse qu’elles créent. Et surtout le fait que – et la pandémie actuelle nous en offre l’illustration – leur absence ou leur carence ont, elles, des conséquences coûteuses et dramatiques. On voit aujourd’hui le coût induit par un système de santé défaillant, mais il en est de même pour l’éducation, la justice, la sécurité énergétique, etc...
Nous pourrions imaginer un financement reposant sur plusieurs sources, dans des proportions à définir.
- Une partie de financement public, ayant pour source le budget des états ou de l’Europe.
- Des prêts auprès des banques centrales, revenues dans le giron des états, à l’exclusion des banques privées.
- Et pour compléter ces sommes, une création monétaire, qui aurait un effet de levier, et qui aurait pour contrepartie la richesse commune, créée ou préservée. Cette dernière mesure pourrait être réduite progressivement, au fur et à mesure de la transition de nos économies.
Les deux premiers éléments de ce financement permettraient de responsabiliser les états et les collectivités, et d’éviter l’effet "argent magique".
Mais pour leur redonner des marges de manœuvre, il faudra régler la question de l’endettement actuel, qui sera aggravé par les dernières mesures prises suite à la pandémie, et dont une grande partie est la conséquence des crises à répétition qui ont secoué le monde et l’Europe – en particulier celle de 2008. Cet endettement est devenu insoutenable pour bon nombre d’états, sur tous les continents, et il faudra bien un jour l’annuler, d’une manière ou d’une autre.
Sur ce sujet, il est déplorable que l’Allemagne semble avoir évacué de sa mémoire l’effacement de sa dette, en 1953, grâce auquel elle a pu se rétablir, et aboutir à sa réussite économique actuelle.
Tirons également les leçons de ce qui se passe : les banques centrales, et en particulier la BCE, devront dorénavant financer à nouveau directement les états, sans passer par les établissements financiers, intermédiaires inutiles qui en tirent une manne indue, sachant que les collectivités doivent couvrir leurs pertes éventuelles en cas de krach. Too big to fail...
Cela n’empêche pas que, au plan national, notre système fiscal est à remettre à plat dans sa totalité, pour supprimer les complexités inutiles, limiter les avantages fiscaux, et assurer une réelle progressivité de l’impôt ainsi que la juste répartition des richesses.
Quant à la protection sociale dont le coût repose exclusivement sur le travail, les sources de son financement ont besoin d’être diversifiées. L’instauration d’une TVA sociale mériterait d’être réétudiée, car elle pourrait permettre de lutter également contre le dumping social pratiqué par trop de pays.
Il nous faudra beaucoup de péripéties et de drames avant, peut-être, d’en arriver là...
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