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Atelier 21 : "Comptabilité intégrée : remettre les enjeux de durabilité au cœur du pilotage des entreprises"
Participez à notre atelier « Comptabilité intégrée : remettre les enjeux de durabilité au cœur du pilotage des entreprises » jeudi 7 mai à 17h30 avec :
- Hervé Gbego, président fondateur de du cabinet cabinet d’expertise comptable Compta Durable spécialisé dans la comptabilité environnementale et sociale
- Alexandre Rambaud, maître de conférences à AgroParisTech, chercheur au CIRED (Centre International de Recherches sur l’Environnement et de le Développement) et chercheur associé à l’université Paris-Dauphine.
- Adrian Deboutiere chargé de mission à l’Institut national de l’économie circulaire expert en modèle d’économie circulaire territorial et encadrant l’expérimentation en cours en région Sud-Paca
- Animé par François-Michel Lambert député des Bouches-du-Rhône
Description :
La crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés et les conséquences économiques impose une relance économique qui doit se faire dans une optique de résilience pour éviter d'être confronté à d'autres crises sociales et environnementales majeures dans les années à venir.
C'est tout l'objet de la comptabilité intégrée, et notamment du modèle CARE, disruptif par sa capacité à ne plus uniquement retranscrire la performance des entreprises au prisme de leur rentabilité financière, mais également par leur capacité à préserver ou restituer les capitaux naturels et sociaux consommés.
Développée par les chercheurs Jacques Richard (Paris Dauphine) et Alexandre Rambaud (AgroParisTech-CIRED/Paris Dauphine), la méthode CARE fait aujourd’hui l’objet de travaux de recherche dans le cadre de la Chaire "Comptabilité écologique" (AgroParisTech, Université Paris-Dauphine, Université de Reims), et est expérimentée auprès d’un panel d’entreprises en Région Sud-PACA, dans le cadre d’un programme porté par Compta Durable et l’Institut National de l’Economie Circulaire, et soutenu par l’ADEME.
L’évolution des règles comptables est un levier essentiel pour la transition de modèle économique, en replaçant les enjeux de durabilité au cœur du pilotage de l’entreprise.
Pour suivre le webinar en direct le jeudi 7 mai, cliquez ici.
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Comptes rendus des rencontres
Compte-rendu de l'atelier 21 :
François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône et Président de l’Institut National de l’Economie Circulaire (INEC), a organisé cette conférence dédiée à la comptabilité intégrée, et plus spécifiquement à la présentation du modèle CARE développée par les chercheurs Jacques Richard (Paris Dauphine) et Alexandre Rambaud (AgroParisTech-CIRED/Paris Dauphine). Ce dernier a introduit avec pédagogie les enjeux théoriques liées à cette méthodologie.
La comptabilité intégrée est un outil essentiel de la transition écologique et solidaire, permettant de remettre la performance sociale et environnementale des entreprises au cœur de leur modèle comptable. Le modèle CARE est déjà expérimenté par de nombreux acteurs économiques, notamment dans le cadre d’un programme d’envergure en Région Sud-PACA porté par l’INEC, soutenu par l’ADEME, et mis en œuvre par le cabinet d’expertise comptable Compta-Durable. Son Président-fondateur Hervé Gbego a pu exposer les principales phases de mise en œuvre du modèle au sein des organisations.
Le modèle CARE rejoint la vision de la comptabilité « statique » selon laquelle les capitaux, qu’ils soient financiers, naturels ou sociaux, constituent des « emprunts » (correspondante au passif en comptabilité). Evalués à hauteur de leur « coût de maintien », les capitaux naturels et sociaux sont employés et consommés du fait de l’activité de l’entreprise (leur emploi correspondant cette fois-ci à l’actif). Les capitaux doivent toutefois être préservés ou « remboursés », afin que l’entreprise soit solvable du point de vue de la comptabilité intégrée, et puisse générer des profits.
L’appropriation de la méthode CARE au sein des organisation se fait en plusieurs étapes, permettant d’aboutir à la restructuration du bilan et de compte de résultat de l’entreprise :
- L’identification des capitaux extra-financiers (naturels et humains) à maintenir : capital atmosphère, sol, biodiversité, santé, employabilité, etc.
- La définition des niveaux de maintien de ces capitaux en s’appuyant sur les références scientifiques pertinentes (science-based targets)
- L’élaboration et le chiffrage des scénarios de maintien de ces capitaux (évaluation des coûts de maintien)
- L’élaboration du reporting intégré (consolidation des données comptables pour les trois capitaux)
Plusieurs questions ont été émises par la salle, portant sur la maturité du modèle, les leviers à son déploiement et sa capacité d’impacter les investissements ou la fiscalité incitative à moyen terme.
La structure du modèle est aboutie mais il doit encore faire l’objet d’expérimentations et d’approfondissements (métriques, consolidations territoriales, etc.). C’est tout l’objet de la Chaire « Comptabilité écologique » (AgroParisTech, Université Paris-Dauphine, Université de Reims) et des programmes d’expérimentations en cours avec les entreprises.
En rendant « fidèlement » compte de la solvabilité des organisations, au prisme de leur performance financière, environnementale et sociale, la comptabilité intégrée permet de renouveler l’analyse financière, et donc de donner les clés aux décideurs publics et privés pour soutenir, inciter, récompenser ou sanctionner les acteurs économiques.
Réponses d’Alexandre Rambaud aux questions des conférenciers :
« Même dans cette conception du prêt [des capitaux naturels et sociaux], il y a besoin de la confronter à une valeur ? »
La "valeur", plutôt la valorisation, dans CARE correspond à l'évaluation des coûts budgétés nécessaires pour concrètement préserver des écosystèmes, le climat, etc. et "protéger" des êtres humains (employés)
« Application en cours de CARE au groupe Carrefour (grande distribution) ? »
Les supermarchés oui. Il s'agit d'un projet de recherche, sans rentrer dans des détails stratégiques, sur la question du "juste prix" (et donc de l'intégration des justes coûts)
« Quid de l'intégration de la valeur de l'action pour le Climat ? »
è Il y a des liens très forts. Au niveau climatique, selon CARE, il s'agit d'intégrer les coûts concrets pour être conformes à un budget carbone selon les Science Base Targets, qui font redescendre les modèles du GIEC de trajectoire 2°C sur des mailles régionales et ensuite sur des organisations.
« Dans la construction du système, comment prenez-vous en compte la place de l'entreprise qui fait le choix du CARE comparée à celle d'un secteur d'activité ? Avez-vous des démarches de définition des objectifs sur une base des secteurs d'activité ? »
Ce point est en cours de travail. Les systèmes de comptabilité intégrée sont encore trop "jeunes" pour permettre de telles comparaisons. Mais cela fait partie des points importants de développement au niveau recherche et expérimentation.
« Quid de l'intégration des ressources minérales ? En parallèle, quid de la valorisation des matériaux recyclés, qui ne sont plus une dette mais un moyen de l'éviter ? »
Les ressources minérales sont considérées sur 2 axes : un axe "site" à l'extraction détruit des sites; un axe "flux admissible" (ce type de flux admissible est par exemple mis en place dans plusieurs entreprises suisses historiquement, mais aussi sur plusieurs exploitations indiennes ou sudaméricaines)
« Est-il possible de former à la méthode CARE ? »
è Oui, des formations introductives sont disponibles gratuitement, y compris à distance, dans le cadre de la chaire "Comptabilité écologique" (durant 2,5/3 jours). Le plus simples est d'aller sur le site de la chaire et dans "Contact", d'envoyer un message en demandant à être inscrit-e à la prochaine formation (qui a lieu en mi-juin).
« Quel est le lien vers le site de la chaire ? »
https://www.chaire-comptabilite-ecologique.fr/
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